Claire PRENDKI

 

Claire Prendki est auteure et plasticienne.

Elle se partage entre Paris et la Normandie, l’enseignement et l’écriture, des lycéens difficiles et ses parents vieillissants aujourd’hui disparus. Dans son livre, Une mémoire pour Alzheimer, Claire Prendki dépeint, avec humour, tendresse et réalisme sa vie de quinquagénaire écartelée entre la ZEP et la maison de retraite.

« Vous avez vu La journée de la Jupe2 ? Alors voilà, mes élèves, ils sont comme ceux du film ». Claire Prendki va droit au but. Qu’on l’écoute ou qu’on la lise, c’est incontestable : elle a le sens du dialogue. Comme son père, ancien rédacteur en chef du quotidien Le Parisien, elle aurait pu être journaliste. Fine plume, curieuse et rompue aux exigences de la presse écrite, Claire a pourtant choisi d’exploiter sa « bonne oreille » et, plus particulièrement, son don pour les langues, en devenant professeur d’anglais. Tant pis pour l’atavisme.

Une jeunesse itinérante 

Née à Casablanca en 1950, Claire quitte définitivement le Maroc en 1956 pour rejoindre l’Auvergne, le temps de suivre sa scolarité primaire et une partie de ses études secondaires. Naviguant au gré des missions de son père qui prend la direction de plusieurs rédactions, la jeune fille proche de la nature et déjà soucieuse d’écologie devient, de fait, citadine. Au terme de ses études supérieures menées un temps à la faculté de Rouen, un autre à celle de Paris III, Claire décroche une maîtrise d’anglais en 1972. Elle enchaîne sur le Capes et entame sa carrière sa d’enseignante en acceptant, sans chercher à s’économiser, des postes de suppléante dans des collèges et lycées de l’académie de Versailles. En 1980, la jeune femme est titularisée. Elle a déjà compris que, contrairement au sentiment apparent de son père, le métier d’enseignant était tout aussi périlleux que celui de journaliste.

Un éclectisme littéraire 

Affectée dans des établissements sensibles de Paris et de la région parisienne, confrontée à la désinvolture et à la violence scolaire, Claire ne fuit pas. « Je viens d’un milieu où aller travailler, quel que soit son état de santé, est un principe. À plusieurs reprises, j’aurais pu demander à m’arrêter. Je ne l’ai pas fait ». Son salut, l’enseignante le trouve dans les voyages, ses « grandes balades sur la planète », et l’écriture à laquelle elle se livre lorsqu’elle part rejoindre filles et époux dans son village de Normandie. « J’écris depuis toujours », dit-elle. « C’est ma façon de vivre hors du temps. Des poèmes, des pièces de théâtre3, des nouvelles, des textes de chanson. » Son talent, sa créativité et son éclectisme lui valent de devenir vice-présidente de l’association Plumes à connaître (APAC) en 1992. Récemment, tandis que germe en elle l’idée d’un roman sur fond de violence scolaire, un agent littéraire lui conseille plutôt de relater, avec le ton distancié qui la caractérise, l’expérience douloureuse qu’elle est en train de vivre.

Une réflexion sur la transmission 

Confrontée au placement soudain de ses parents en maison de retraite et à la maladie d’Alzheimer dont souffre son père, l’enseignante écrit, en quatre mois à peine, son quotidien. « Une vie partagée entre une jeunesse pleine de vigueur à qui l’on a du mal à transmettre quoi que ce soit et une vieillesse inéluctable qui efface tout sur son passage… Une situation compliquée demandant une organisation personnelle éreintante et dans laquelle se retrouvent beaucoup d’enseignantes de ma génération… »

Attendant son départ en retraite « en juin 2011, vraisemblablement », pour se consacrer totalement à l’écriture, Claire Prendki continue d’enseigner l’anglais à ses lycéens de ZEP, espérant, à la rentrée prochaine avoir quelques élèves de BTS. Pour varier les plaisirs. Terminant un petit roman de science-fiction sur l’état de la planète, elle couche enfin sur le papier son grand intérêt pour l’équilibre écologique, reprenant ainsi un flambeau longtemps porté par son père4. Plus tard, Claire le sait déjà, elle écrira un polar.

                                 Marie-Laure Maisonneuve 

(1) « Une mémoire pour Alzheimer », Claire Prendki (préface d’André Bercoff), éditions Alphée, 2009.
(2) Le film de Jean-Paul Lilienfeld
(3) Elle est notamment l’auteur de la comédie satirique « Cloches de Noël », mise en scène par Sophia Madar et récemment jouée au théâtre parisien Le Proscénium
(4) L’un des membres fondateurs de l’association des Journalistes-écrivains pour la nature et l’écologie (JNE).

Elle est auteurs de textes de poésie dont  » Post Coïtum  » ou  » Tempête en baie de Morgat « .

Cloches de Noël   (comédie satirique d‘aujourd’hui) est sa pièce de théâtre la plus connue.

A Paris,  le 24 décembre,  quai de la Râpée, 4 SDF  parlent du froid et de leur vie. Il s’agit de la bande à Dany sympathique ex chauffeur de poids lourd. Un professeur de philo au chômage  les rejoint.  Il vit une  période très difficile.  Au cours de la nuit, ils sont démarchés par une attachée de presse  qui a besoin de SDF pour passer  à la télé  ( TF 3) dans une émission de téléréalité sur les «  SDF indépendants », ceux qui n’ont pas voulu rejoindre un centre de secours. Ils refusent d’abord puis se ravisent et contactent l’attachée de presse  de l’émission. Ils sont persuadés qu’ils gagneront de l’argent. Ils sont donc invités  sur le plateau mais Ils perturbent l’émission  en refusant les jobs proposés par les DRH qui appellent en direct. Seul le prof de philo  accepte le job de veilleur de nuit dans une usine de croquettes  pour chiens en banlieue. Puis, le lendemain, dépités, on les retrouve sur le trottoir  à vendre les produits  offerts  par les sponsors ( croquettes, boîtes de Cola…)   Aidés par une association caritative, ils attendent dans la bonne humeur  de fêter la galette de l’Epiphanie et le texte s’achève sur une lueur d’espoir

Ce texte drôle est de la veine de «  Le Père Noël est une ordure » ou de «  La  vie est un long fleuve tranquille ». Les dialogues  ont une parenté avec ceux de Michel Audiard. Ce texte n’aurait besoin que d’un petit budget. Il a été joué au théâtre plus de 30 fois en 2008 et apprécié pour son ironie grinçante.

Blog :

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